Numbs, 2021 (1’59’’)
VISITE D'EXPOSITION et D'ATELIER
Courtoisie de la galerie Chantal Crousel. Courtesy of Chantal Crousel gallery.
Numbs est une proposition sonore accompagnant la vue d’exposition du travail de Mimosa Echard à la galerie Chantal Crousel. Glissant à l’écran sur les oeuvres de l’artiste, ces sucreries visuelles sont suivies d’un poème d’Aodhan Madden. Étendues troubles, les éléments disparates sont comme déversés, engloutis dans chaque tableau, dont les qualités plastiques parlent d’un état en mutation. Les images et les fragments sont posés comme sur des draps sales avec une atmosphère de post-soirée. Patchworks d’histoires souterraines, on cueille ici et là, les rebuts que l’artiste a semés. Morceaux de cordes, mèches de cheveux, élastiques, fils de perles plaqués contre la toile dialoguent avec des plantes, des photos et des bouts de tissus teints. Exhibitionnisme candide de collants en nylon qui recouvrent les tableaux, de fils de perles qui s’activent en trombes sous des lumières abyssales, nous plongeons dans les profondeurs sensuelles d’un apparat grotesque en digestion. Cette ambiguïté pudique et moite, conserve les traces et les mouvements. Les oeuvres mettent en intervalle le processus de création de Mimosa Echard sous le glacis de la résine et de la colle. Conjugaison du synthétique et du naturel, l’artiste interroge aussi les questions de genre, avec ce qu’il y a d’hybride, des dialogues possibles entre des restes hétérogènes qui stagnent en surface. Transformation des corps, crise sous tension, cet état rose de l’adolescence est retranscrit dans un geste impulsif et délicat à la fois. Le rose est selon Mimosa Echard, une couleur « hermaphrodite », obsessionnelle et « rattachée au mouvement gay, aux petites filles, aux hippies, à l’esthétique psychédélique ». Qu’est-ce donc qu’être un corps dans ce monde, parmi tous les flux que l’on traverse et qui nous traversent? On s’adapte, on prend la forme d’un milieu, on porte des substances imperceptibles, qui nous réparent ou nous détruisent complètement. On est liquide.
Numbs is a sound proposal accompanying the exhibition view of Mimosa Echard's work at Chantal Crousel gallery. Sliding across the screen over the artist artworks, these visual sweets are followed by a poem by Aodhan Madden. Cloudy expanses, the disparate elements are like poured out, submerged in each painting whose the plastic qualities speak of a changing state. Images and fragments are placed on dirty sheets with a post-party atmosphere. Patchworks of underground stories, we pick up here and there, the remains the artist has sown. Pieces of ropes, locks of hair, elastics, pearl threads flatten against the canvas interact with plants, photos and pieces of dyed fabric. Naive exhibitionism with nylon tights covering the paintings, threads of pearls bustling like waterspout under abysmal lights, we dive into the sensual depths of a grotesque pageantry in digestion. This chaste and moist ambiguity preserves traces and moves. The artworks puts the creation process of Mimosa Echard in between, under the glaze of resin and glue. Conjunction of the synthetic and the natural, the artist also questions gender issues, with what is hybrid, possible dialogues between heterogeneous leftovers that stagnate on the surface. Transformation of bodies, crisis under tension, this rosy state of adolescence is translated in an impulsive and delicate gesture at the same time. Pink is, according to Mimosa Echard, an « hermaphroditic » color, obsessive and « attached to the gay movement, to little girls, to hippies, to psychedelic aesthetics ». So what is it to be a body in this world, among all the flows that we go through and that pass through us? We adapt ourselves, we take the shape of an environment, we carry imperceptible substances, which repair us or destroy us completely. We are liquid.