Maria Teresa Codina est née en France en 1926. Elle vit à Sant Cugat del Vallès, non loin de Barcelone.
Sa sensibilité et son amour pour la terre catalane sont issues des racines de son père, profondément attaché à son pays et aux formes du « Noucentisme » d’origine paysanne (mouvement de rénovation culturel et politique qui se développa en Catalogne au début du 20e siècle).
Si le travail de Maria Teresa Codina, à ses débuts, s’est affirmé comme un combat au cœur d’un franquisme finissant, elle revendique, dans toute son œuvre, une volonté d’être reconnue en tant que catalane et de faire perdurer l’esprit de la tradition dans un mouvement novateur.Ainsi de citer Diderot « La véritable tradition n’est pas de refaire ce qu’ont fait nos aïeux, mais de faire ce qu’ils feraient s’ils vivaient maintenant ».
Elle est tout d’abord lissière et attachée à la picturalité dont elle s’éloigne très vite pour donner aux matériaux textiles un langage propre.
Dès 1958, elle réalise des œuvres à partir de toiles de sacs détissées. Puis, dans les années 60, elle étudie l’incidence de la lumière dans des œuvres laissées libres de trame ou explore l’envers et l’endroit, le nœud, les points de liages comme moyen expressif en soi.
C’est ainsi qu’en 1967, elle présente « Rythmes blancs » à la 3e biennale de Lausanne. Il s’agit d’une tapisserie en jute et laine, à double face, dont l’endroit aurait pu être l’envers habituellement caché.
Au début des années 70, elle décide définitivement de n’utiliser la fibre qu’à l’état pur, c’est-à-dire sans teinture, sans filage. « Chant primitif » en sera la démonstration à la 4e biennale de Lausanne en 1971. « La fibre parle de l’homme, est le reflet de son travail, culture ou élevage et manifeste dans son utilisation une réalité sociale…élément enraciné de la culture, elle permet d’affronter les nivellements culturels et de leur résister » (M.T.Codina).
Dans sa série « Joncs et cordes » (1974), elle allie le nouage et le liage très simples à un matériau brut fait de tiges et de joncs. Une autre symbolique de l’homme en lien avec la nature.
En 1978, à la Fondation Miró de Barcelone, elle expose « Sacs, palles y sargits » (sacs, paille et raccommodages) une installation dans laquelle elle réunit des draps reprisés, des cordes usées, des balles de paille, des sacs d’origine mexicaine ayant contenu du blé… autant de matériaux textiles empreints des gestes et des traditions qui se perpétuent de génération en génération. Un langage universel qui dit le quotidien commun à tous les hommes.
Maria Teresa Codina raconte tout au long de son œuvre, et avec l’histoire de la Catalogne en toile de fond comme indéfectible ressource, que les matériaux textiles bruts, « matériaux-documents », engendrent un art qui révèle notre identité et tissent perpétuellement une grande histoire humaine.
En 2009, elle participe à l’exposition « El tapìs contemporani català » au Museu de Sant Cugat del Vallès.
En 2011, elle est présente Au Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine à Angers, dans l’exposition « De l’ombre à la lumière, Tapisseries catalanes de Picasso à Grau-Garriga ».
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