Hommage à Marinette CUECO

Nous venons d'apprendre la mort de Marinette Cueco ce 19 Octobre 2023.

Depuis 50 ans Textile/Art a toujours été très proche de son travail et nous nous souvenons particulièrement des herbes du jardin de la Fondation Berryer, alors Centre National des Arts Plastiques, qu'elle a tressées pour former une immense natte au sol, à l'occasion de l’exposition « Nœuds et ligatures » qui s'est tenue l'été 1983 et qui était organisée par Gilbert Lascault.
Nous nous souvenons aussi d'elle la même année, lors du vernissage de la 11ème Biennale de la tapisserie à Lausanne où elle exposait « Environnement de fils d’herbes tressées, été 1982 - hiver et printemps 1983 ». Elle se détachait du monde des artistes exposants par sa singularité, son authenticité et sa simplicité. Elle était présente là, comme surgie de son jardin, avec sa longue tresse dans le dos, sa jupe ample charriant encore la senteur des herbes qu’elle venait juste de cueillir.
Nous nous souviendrons longtemps aussi de sa générosité et de la douceur des échanges que nous avions à chacune de nos rencontres.

Ces derniers temps, n’ayant plus la force d’aller glaner ses herbes favorites, elle avait transmis à son petit-fils les endroits précis où il avait la charge d’aller cueillir pour elle. Pour continuer à créer et constituer des herbiers.

Pour le catalogue de l'exposition que nous avions organisée à l'Abbaye de Trizay, Marie-José Pillet avait écrit un texte qui relate bien la relation au monde de notre amie : « Marinette Cueco ne fait pas que glaner les éléments de ses œuvres, elle s'y baigne, elle sent leur fragilité ou leur agressivité, elle touche la délicatesse de leur surface, elle se penche auprès de la plus petite herbe tout autant qu'elle embrasse toute l'étendue végétale. Elle est dans cet univers de terre, de pierres et de plantes et elle le ramasse pour s'en entourer encore ». Marinette Cueco consentait au temps très long de la création et modulait sa palette de couleurs en jouant sur la transformation aléatoire des végétaux. Elle était en symbiose totale avec le rythme de la nature qu’elle métamorphosait et qu’elle sublimait, dans la démesure parfois. Sans autre outil que ses mains. C'est à cause de cette approche personnelle et fragile, qu'elle rendait avec grandeur et sensibilité, que la reconnaissance de l'œuvre de Marinette Cueco n'a jamais été aussi grande que ces dernières années.

Pour connaître son parcours, vous pouvez lire la biographie que nous lui avons consacrée sur notre site : https://www.textile-art-revue.fr/index.php/marinette-cueco.html