Marinette Cueco, née à Argentat en Corrèze en 1934, est morte le 19 octobre 2023. Elle est l’épouse du peintre Henri Cueco. Elle vivait et travaillait dans la région parisienne et en Corrèze.
Contrairement à la plupart des artistes, Marinette Cueco n’achète pas chez le marchand les matériaux dont elle se sert. Elle ne les fabrique pas non plus. Car Marinette est tout d’abord une cueilleuse. Elle arpente la campagne, au fil des saisons et des lieux qui lui deviennent familiers et gardés secrets et où elle sait ce qu’elle va y trouver : une graminée, un genêt à balai ou cendré, une herbe à chat, un liseron des champs. Elle ramasse, plante et récolte les végétaux les plus variés et ces cueillettes vont devenir la base de son travail développé depuis les années 70.
“J’appelle ces travaux : entrelacs ; je travaille en deux dimensions, j’utilise alors toutes les techniques qui consistent à maintenir ensemble les fibres textiles : tisser, nouer, tresser, tricoter, entrelacer, crocheter…” Ces techniques ancestrales, elle les applique à des matériaux inattendus, provoquant des décalages d’une grande richesse poétique. Paradoxalement, son matériau, l’herbe, est extrêmement fragile et impossible à travailler selon ces procédés. C’est précisément ce handicap, générateur de contraintes, qui nourrit les formes que Marinette Cueco invente.
Lorsque qu’elle commence, à partir de 1978, à travailler les herbes, elle fabrique des tissus ajourés aux formes aléatoires, des objets libres et fragiles, mais dans le même temps privilégie des formes géométriques simples (carrés, rectangles, triangles, sphères) que l’on retrouve dans une inventivité toujours renouvelée. Avec des gestes primitifs, elle renoue avec les traditions ancestrales et féminines de sa Corrèze natale, en tissant, nouant, tricotant pour écrire au sol ou dans l’espace des œuvres magnifiques, complexes et sobres à la fois. Elle crée des pleins et des vides. Ainsi, elle nous invite à une profonde méditation sur le paradoxe qui réside entre la force incroyable de ces travaux et leur apparence si fragile.
Quand Marinette Cueco transforme un jardin, elle n’arrache pas l’herbe, ne la coupe pas, mais la laisse pousser tout au contraire. Elle respecte la vie des plantes, agit avec elles, les modèle. Elle les tresse, les tord, les transforme en sculptures éphémères, l’odeur ayant parfois une importance toute aussi grande que la forme proposée.
En 1986, elle est exposée au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Avec des matériaux bruts trouvés dans la campagne Marinette Cueco compose, dans le calme de son atelier, des œuvres et installations in situ.
Les sculptures en sphères, ou pelotes tressées, aux formes ovoïdes, cocons ou chrysalides, évoquent quelque naissance en gestation : passage encore ici suggéré d’un règne à l’autre, métamorphoses possibles.
L’œuvre de Marinette Cueco nous donne à penser avec Francis Ponge que « l’on pourrait faire une révolution dans les sentiments de l’homme, rien qu’en s’appliquant aux choses, qui diraient aussitôt beaucoup plus que ce que les hommes ont accoutumé de leur faire signifier. »
Les Editions Cercle d’art/ Collection Le pré-Grand livre blanc lui ont consacré un livre, écrit par Itzhak Goldberg, en 1998, et deux autres ont été récemment publiés aux éditions Tarabuste, en 2023 : Ne se perd ni ne meurt, avec un texte de Pierre Bergounioux et A fleurs de peau, de Françoise Cleda.
Quelques expositions :
– Entrelacs, Maison de la Culture d’Amiens, 1982,
– Installation, Auvers sur Oise, 1997,
– Pelotes, Hivernages, Jardin de la Maison des Arts, Malakoff, 1998,
– L’herberie, Espace Visitation, Musée de Romans, 2002,
– Entrelacs, Pierres Captives, Musée des Beaux-Arts, Pau, 2006,
– Ardoises, Arsenal, Musée de Soissons, 2007,
– Espace d’Art Contemporain d’Eysines, 2011,
– Domaine Régional de Chaumont-sur-Loire, en 2020,
– LAAC de Dunkerque, en 2022,
– Musée de l’Hospice Saint-Roch d’Issoudun,
– Abattoirs, musée – FRAC Occitanie, Toulouse en 2023,
– Expositions régulières à la galerie Univer/Colette Colla, Paris, entre 2008 et 2023.
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