Du lundi 20 janvier au dimanche 28 juin 2020
Galerie Azzedine Alaïa
18 rue de la Verrerie
75004 – Paris
En 1968, ne se reconnaissant pas dans l’essor du prêt-à-porter naissant, lui qui n’avait fait que servir religieusement le dogme de la cliente, Cristobal Balenciaga décida de fermer sa maison. Une simple annonce à la radio, informa les fidèles, les amis, les journalistes et toutes les femmes qui avaient pour habitude de se rendre au 10 Avenue George V qu’il n’y aurait plus de collection du maître espagnol. Auparavant, le couturier, dignement, avait pris soin d’organiser la fin d’une maison haute de plusieurs décennies, où pas une des robes, pas un des manteaux qui avaient fait sa gloire n’avait pris une ride.
Quelques temps plus tard, Mademoiselle Renée, restée plusieurs décennies à son service en qualité de directrice générale adjointe, s’inquiéta des stocks de tissus et des robes que l’on n’osait pas nommer encore « archives patrimoniales ». Parmi les personnes qu’elle considérait, elle appela un petit homme singulier dont le nom circulait de plus en plus parmi les clientes jalouses, Azedine Alaïa, et l’invita à choisir librement les modèles du maître dans lesquels seuls ses doigts adroits pourraient tailler d’autres apparences. Le jeune homme fut tant stupéfait par l’agilité des formes, l’architecture des coupes, l’exigence technique de chaque vêtement, qu’il pensa immédiatement qu’il serait sacrilège d’agir ainsi de ciseaux correcteurs. Sans intention spéculative aucune (il n’y avait pas de marché officiel de modes anciennes), Alaïa prit sous son bras les pièces qui se présentaient à lui. Il les déposa à demeure sur des lits de papiers de soie et se jura sa vie entière que pour de tels maîtres de la coupe qui l’avaient précédé, il n’y aurait de mémoire qui flanche.