Du 7 novembre au 15 décembre 2018
Galerie G-P & N Vallois
33/36, rue de Seine
75006 Paris
Les travaux tissés que montre Zhenya Machneva cet automne sont des détails des mêmes machines qu’elle avait dépeintes dans sa série précédente, des images plus légères, plus humoristiques parfois. Il ne faut pas y voir une quelconque dimension psychologique, mais plutôt une expérience de la couleur. Pour l’artiste, la pratique de la tapisserie et ces images d’usines sont une forme de résistance à la production de masse et à la vitesse de notre temps. Ce sont des paysages imaginaires au futur antérieur.
Ayant étudié au département textile de l’Académie d’art et de design de Saint Petersbourg, elle a une formation classique de peinture, pratique souvent le dessin, parfois la lithographie, mais c’est la tapisserie qu’elle a choisie comme terrain de jeu. Il ne faut pas croire qu’en Russie, les jeunes artistes soient très nombreux à avoir pris ce parti — le goût pour le kraft que partagent beaucoup d’artistes occidentaux ne s’y est pas encore étendu. Et à la différence des Gobelins ou d’Aubusson, les grandes manufactures de la Russie du XVIIIe siècle ont fermé leurs portes depuis longtemps.
Zhenya Machneva a choisi la tapisserie et elle tisse elle-même. Son métier à tisser, elle l’a acheté il y a une dizaine d’années en Finlande, car la Russie n’en produisait pas d’assez bons. Il ne faut pas lui parler des tapisseries des Matisse, Hartung ou Picasso invités par les Gobelins à faire traduire leurs toiles en textile car, pour elle, la tapisserie ne relève pas des arts décoratifs. Le temps qu’elle passe à réaliser une œuvre varie de l’une à l’autre, une semaine ou parfois deux ou trois mois.
Elle a commencé à représenter des zones industrielles abandonnées après une visite dans une usine de téléphones où son grand-père a travaillé pendant quarante ans et, depuis, ce motif ne l’a pas quittée.