Du 9 avril au 28 mai 2016
Galerie Karsten Greve
5, rue Debelleyme
75003 Paris
L’« aspiration à saisir l’insondable », tel est le désir qui habite les sculptures et les dessins de l’artiste Luise Unger. Dans des œuvres à la structure complexe, elle formule son souhait de contextualiser sa propre existence dans les origines de l’être.
Dans ses sculptures précédentes, Luise Unger expérimentait à l’aide de divers matériaux, bois, métal, caoutchouc, cire ou coton, au travers de combinaisons hybrides. Depuis une quinzaine d’années, elle s’intéresse plus particulièrement à la réalisation de sculptures en fil d’acier inoxydable crocheté. Le tissu crocheté à la main qui en résulte lui offre la possibilité de créer des formes sans couture qui restent modelables à différents stades. Le fil métallique, mince mais solide, donne naissance à des objets volumineux et délicats, possédant une fragile douceur. Quoique presque toujours abstrait, son langage formel comporte aussi bien des architectures géométriques que des éléments biomorphiques. Pour son répertoire de formes rondes et organiques, Luise Unger dit s’inspirer de la nature, dont elle a précocement intériorisé le rythme cyclique à Bad Saulgau, sa patrie rurale de Haute Souabe.
Toutes ses sculptures ont en commun une multiplicité de couches. Celles-ci se superposent, tels des filets, perméables à la lumière, à l’air et au regard du spectateur. La transparence est une composante de l’œuvre de Luise Unger, qui a très tôt manifesté un intérêt particulier pour la perméabilité. L’observateur pénètre ses sculptures comme s’il les radiographiait, détecte les densités, les transparences. Mais le noyau intime est généralement un endroit creux, un néant encapsulé, un lieu aéré, ceint de plusieurs membranes, un centre invisible et insaisissable. Suivant la manière dont la lumière tombe, les surfaces concaves et convexes semblent s’inverser et les formes se redoublent dans l’ombre qu’elles projettent sur les murs environnants. Il règne alors une similitude transcendantale entre l’intérieur et l’extérieur.
Le travail de crochet s’effectue à partir d’une ou de deux bobines, les doigts revêtus d’un cuir de protection, en veillant à la régularité du moindre mouvement et à la cohérence de l’ensemble. Ensuite, l’artiste lisse certains endroits avec une boule en bois afin d’aplatir les mailles et de leur donner un aspect plus régulier. Pour finir, la flamme d’un bec Bunsen confère à quelques-unes des œuvres un reflet irisé.
On retrouve des similitudes dans les travaux sur papier de Luise Unger. La force des liens qui existent entre les œuvres sur papier et les sculptures de Luise Unger apparaît quand les structures crochetées produisent une impression graphique.