Du 5 septembre au 31 octobre 2015
Galerie Mitterrand
79 rue du Temple
75003 Paris
Réunissant un ensemble d’œuvres de la fin des années 60 jusqu’à nos jours, l’exposition remonte le fil d’une longue recherche menée par le duo d’artistes autour du bassin méditerranéen et plus particulièrement sur le territoire de la Mésopotamie que recouvrent aujourd’hui l’Irak et la Syrie.
Depuis plus de 40 ans, Anne et Patrick Poirier visitent, fouillent, collectent et inventorient des sites et des vestiges issus des civilisations anciennes et plus particulièrement les formes de leur disparition.
La série Palmyre (1992) réunit des photographies du célèbre site archéologique syrien. Les couleurs artificielles appliquées sur les clichés apportent à ces constructions anciennes un aspect surnaturel. Sont-elles réelles ou imaginaires ?
A partir d’images provenant de Google Earth, les Poirier ont réalisé une série de peintures blanches monochromes, Mésopotamie (2014-2015) représentant des ruines en relief dans un désert immaculé.
Produit spécialement pour l’exposition, le tapis intitulé Alep (2015) représente de prime abord les ruines d’une autre cité antique. Il s’agit en réalité du centre historique d’Alep photographié avant les récents conflits qui l’ont partiellement détruit. Des satellites ont permis de conserver l’image de cette ville classée au patrimoine de l’humanité qui est transposée dans cette œuvre par le biais de la technique traditionnelle du tissage de tapis.
Réalisé par une famille de réfugiés tibétains à Katmandou avec la quelle Anne et Patrick Poirier se sont liés d’amitié lors d’un voyage au Népal en 1964, ce tapis a été fait de matériaux fragiles (soie, laine, fibres de bambou). L’association des hautes technologies et de la technique traditionnelle est inattendue. Cet anachronisme technique s’ajoute à la distanciation de la représentation du monde contemporain où les frontières entre réalité et fiction sont toujours plus perméables.
En réponse à une civilisation obnubilée par le présent et sa couverture médiatique, Anne et Patrick Poirier brouillent dans leurs œuvres tous les repères temporels et spatiaux. Ils effectuent d’incessants mouvements de balancier entre la mémoire des civilisations anciennes et la fiction d’un monde futur.