"La sortie", 2020 (5'42")
PERFORMANCE
Performance le 10 juillet 2020
« Pendant le confinement, on était dans un trou noir, pas de son, pas de rire, pas de toucher, on avait les boules. Alors quand on a pu sortir, j’ai mis mes mille boules textiles bout à bout et je m’en suis habillée pour sortir de mon atelier. C’était lourd et en même temps chaud, doux, chatoyant, presque pétillant. J’avais un habit de prince des tribus, je marchais avec majesté laissant ma longue traine égrener quelques boules sur le trottoir. Je me déplace avec lenteur et solennité comme si je portais toutes les peurs, tous les silences, tous les interdits de ce moment inédit. Je marche, je vacille, je marche encore, je m’éloigne puis peu à peu je m’effondre en une grande flaque sur le trottoir. Hébétés par le confinement, les passants semblent aveugles. C’est une action silencieuse et éphémère comme un cri de joie et en même temps de désespoir. Un déguisement, oui, mais solennel qui en dit long sur l’indifférence générale. » Marie-José PILLET
« During the lockdown, we were in a black hole, no sound, no laugh, no touch, we were pissed off [expression in French used as a literal translation to the shape of the balls the artist is wearing in the performance]. So when we were able to go out, I put my thousand textile balls end to end and I dressed in to leave my studio. It was heavy and at the same time warm, soft, shimmering, almost sparkling. I was dressed like a prince of the tribes, I walked with majesty letting my long train shuck a few balls on the sidewalk. I move slowly and solemnly as if I were carrying all the fears, all the silences, all the prohibitions of this unprecedented moment. I walk, I flicker, I walk again, I move away then little by little I collapse in a big puddle on the sidewalk. Dazed by the lockdown, passers-by seem blind. It is a silent and ephemeral action like a cry of joy and despair at the same time. A disguise, yes, but a solemn one that says a lot about the general indifference. » Marie-José PILLET