Reconnaissance des tapisseries sénégalaises des Manufactures de Thiès

Le Metropolitan Museum of Art de New York a acquis la collection de 18 tapisseries des Manufactures sénégalaises des Arts Décoratifs de Thiès, présentées lors de l'exposition L’Étoffe des Modernes – Threads from Senegal à la Galerie Chevalier, Paris, en novembre dernier. 
Cette acquisition vient saluer, à l’échelle internationale, la portée esthétique, culturelle et politique de cette production artistique initiée dans le sillage de l’indépendance du Sénégal. Elle confirme que l’art textile africain, et en particulier les tapisseries de Thiès, méritent une place centrale dans l’histoire de l’art moderne et contemporain.

Il faut se souvenir que la création des Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès est intimement liée à l’émergence de l’École de Dakar et à la volonté de Léopold Sédar Senghor, alors président du pays et défenseur de la négritude, de faire rayonner à l’international, l’art sénégalais et plus généralement l’art africain.

Après un retour en force de la tapisserie, grâce à l'action de Jean Lurçat avant-guerre et dans les décennies suivantes, l’engouement pour celle-ci s’est tari aussi bien au niveau du public, des collectionneurs, des institutions que, de fait, des artistes. La tapisserie de lice est un art complexe, lent et prenant, à contre-courant de nos sociétés où tout se fait vite. Les artistes aujourd'hui préfèrent faire réaliser des tapisseries par des procédés mécaniques.
Si nous nous réjouissons de l'entrée de cette collection dans un musé prestigieux, nous regrettons juste que ces tapisseries n’aient pas été accueillies au sein du Musée du Quai Branly, à Paris, dans la section sur les arts d’Afrique de l’ouest. Cet achat aurait enrichi le pôle textile dans les collections du musée.