Rosemarie Trockel

 

Liquefaction, 2003 (7’11’’)

OEUVRE ORIGINALE

 

 

« Rosemarie Trockel expose le premier volet d'une trilogie sur son enfance. Dans le premier épisode, " Liquéfaction ", une mère disparaît, se dissout dans l'air, mais on ne révèle pas où elle se retrouve. C'est le sujet du deuxième épisode, "Diffusion", tandis que la troisième partie est consacrée à la réincarnation de la mère, culminant dans le final intitulé "Come Back". Liquéfaction consiste en une double projection en noir et blanc, une narration et un film truqué fait de fils de laine. L'atmosphère de l'histoire rappelle celle d'un cirque pour enfants ou la magie des échoppes d'une fête foraine. Plusieurs scènes se déroulent simultanément autour d'un grand chapiteau avec une grande pancarte "La Grande Illusion" : un artiste essaie de faire un tour bon marché avec une cigarette, mais échoue sans cesse, des jumeaux se volent des choses, tournant ainsi des cercles fatidiques autour d'eux , un batteur continue de tambouriner, annonçant des événements qui n'ont pas lieu, un magicien fait disparaître la mère d'un enfant, une jeune fille propose une interprétation de "Was soll das bedeuten..." à la flûte. Ce que nous voyons est un groupe de tragédies vaguement connectées qui ne sont pas interprétées et perçues comme telles, ni par ceux qui sont directement impliqués, ni par ceux de l'extérieur. Chacun est plongé dans sa propre histoire, comme un numéro de cirque, s'entraînant assidûment, la répétant avec ferveur ou échouant encore et encore. "La Grande Illusion" présente une collection de "pièces tragiques" isolées, dont l'indifférence les fait apparaître comme un schéma mouvant de relations sans rapport. En tant que tel, le récit n'est pas du tout différent du film de trucage de fil de laine. Celui-ci présente d'abord l'image d'un jeu soigneusement composé avec des fils de laine lâches, qui, contrairement à la musique (qui est contradictoire en soi), crée et défait des constellations noires et blanches. Cependant, des références narratives à "La Grande Illusion" peuvent également être discernées dans la composition. Tout comme dans la constellation des tragédies isolées, références aux motifs n&b, celles des fils sont pleines d'allusions aux structures sociales, aux relations personnelles et aux pictogrammes de toutes sortes d'affinités électives. Seules des significations non ambiguës ne peuvent pas être clairement identifiées dans les deux. La partie narrative n'est pas non plus concernée par les significations, ni la partie non narrative par les abstractions. Les deux sections sont réceptives l'une à l'autre, mais restent toujours ce qu'elles sont. Ensemble, ils créent une histoire non illusionniste sous forme d'image, marquant une différence avec la grande illusion du cinéma. » UBUWEB

English version

« Rosemarie Trockel is exhibiting the first part of a trilogy about her childhood. In the first installment, "Liquefaction", a mother disappears, dissolves into thin air, but it is not revealed where she ends up. That is the subject matter of the second episode, "Diffusion", while the third part is devoted to the mother's reincarnation, culminating in the finale entitled "Come Back". Liquefaction consists of a black-and-white double projection, a narrative and a trick film made of woolen threads. The atmosphere in the story is similar to that in a children's circus or the magic of side-stalls at a fair ground. Several scenes are played out simultaneously around a large tent with a big sign reading "La Grande Illusion": An artist tries to perform a cheap trick with a cigarette, but keeps failing, twins steal things from each other, thereby turning fateful circles around themselves, a drummer just keeps on drumming, announcing events that don't take place, a magician causes the mother of a child to disappear, a young girl offers a rendition of "Was soll das bedeuten ..." on the flute. What we see is a loosely connected group of tragedies that are not interpreted and perceived as such, either by those directly involved or those on the outside. Everybody is immersed in his/her own history, like a circus number, practicing diligently, fervently repeating it or failing again and again. "La Grande Illusion" presents a collection of isolated « tragic pieces », whose indifference causes them to appear as a movable pattern of relationships with no relation. As such the narrative is not at all unlike the woolen thread trick film. This initially presents a picture of a carefully composed game with loose woolen threads, which, contrary to music (which is contradictory in itself), creates and disbands black and white constellations. However, narrative references to "La Grande Illusion" can also be discerned in the composition. Just as in the constellation of isolated tragedies, references to b&w patterns, those of the threads are full of allusions to social structures, personal relationships and pictograms of all types of elective affinities. Only unambiguous meanings cannot be clearly identified in both. Neither is the narrative part concerned with meanings, nor the non-narrative part with abstractions.Both sections are receptive to each other, but always remain what they are. Together they create a non-illusionist history in image form, marking a difference from the grand illusion of cinema. » UBUWEB