Jagoda Buic née en 1930 à Split, en Croatie est morte le 17 octobre 2022 à Venise. (lire notre hommage)
Elle suit les cours de l’Académie des arts appliqués de Zagreb et étudie l’histoire de l’art à la Faculté de Philosophie.
En 1952, elle part pour l’Italie, tout d’abord à Rome où elle se forme à la scénographie dans les studios Cinecitta, puis à Venise où elle étudie l’histoire et la création du costume.
Après un passage par l’Académie des arts appliqués de Vienne, elle travaille, dès 1954, avec le Théâtre National Croate pour lequel elle crée les costumes et décors d’un large répertoire. Elle a par ailleurs réalisé, dans plusieurs pays, plus de 120 projets de costumes et de décors pour le théâtre, l’opéra, la danse et le cinéma.
L’année 1959 marque un tournant dans sa vie. En effet, elle se consacre désormais entièrement à la tapisserie dont elle ambitionne de faire une expression artistique à part entière. Sa carrière internationale débute en 1965, lors de la 2e Biennale de Lausanne.
En 1969, elle expose « Wall Hangings » au Museum of Modern Art de New York.
Pionnière de la “nouvelle tapisserie”, d’une tapisserie spatiale, synthèse de la tapisserie classique et de l’architecture moderne, elle précise : « La tapisserie d’avant-garde n’est rien d’autre que le retour du tissage à ses qualités intrinsèques, à ses lois…Elle existe aussi dans un système de contrepoint : surface chaude du tissage, surface froide de l’architecture ».
D’où sa technique de perforations, de rythmes spatiaux, ses formes de portiques, de masses, d’arrondis qui explorent le domaine du multiple. Un écho sûrement à ses premiers amours que furent les décors de théâtre.
L’artiste yougoslave pour qui « tout est structure » n’eut de cesse aussi de proclamer son attachement au matériau lui-même (elle privilégie la laine, la soie, le cuir qui se patinent avec le temps, puis le sisal) et aux «nouvelles possibilités d’entrelacement » au travers de ses tapisseries auxquelles elle attribue la métaphore d’ « un monde pliable ». Ainsi, en revisitant les traditions folkloriques de son pays, Jacoda Buic ponctue ses immenses tapisseries monochromes – souvent noires ou rouges foncées – de gros bourrelets très tactiles qui sillonnent la surface – points issus de ces techniques traditionnelles de tissage qu’elle détourne pour en faire une texture qui s’inscrit dans une architecture aux grands plis.
Une exposition des tapisseries de grandes dimensions du Jagoda Buic a eu lieu au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, en septembre 1975.
Le Centre National des Arts Plastiques a acquis l’œuvre Formes Blanches, réalisée en 1977 et composée de quatre colonnes tressées en sisal et laine, reliées entre elles par des vagues de tapisserie ondulantes créant dans le mouvement, un subtil jeu d’ombre et de lumière. Une œuvre en lien avec sa pensée, qui oscille entre la mythologie, la poésie et le théâtre : « Tout commence par le fil. Dans le mythe d’Ariane ce n’est pas par hasard que Thésée a trouvé l’issue du labyrinthe grâce au fil, synonyme de l’intelligence ».
En 1991, elle a exposé au Musée Jean Lurçat d’Angers et en 1993 au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne.
Le Musée des Arts Appliqués de Zagreb qui conserve une grande partie de ses œuvres a organisé une grande rétrospective de l’artiste l’été 2011 et le Musée Revoltella de Trieste en Italie a fait de même à l'automne 2013. En 2021, certaines de ses réalisations sont présentées dans le cadre de l’exposition "Elles font l'abstraction" au Centre Pompidou, Paris.
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