Heidi Bucher, née en 1926, est morte en 1993.
Heidi Bucher, (née Adelheid Hildegard Müller, à Winterthur, Suisse) faisait partie d'une vague d'artistes féminines d'avant-garde, actives dans les années 1970, qui sont ensuite tombées dans l'oubli jusqu'à leur redécouverte relativement tardive.
Elle débute sa carrière à Zurich comme illustratrice pour le Tages-Anzeiger, puis dans les années 1950, elle commence à exposer ses dessins et collages.
En 1972, l’artiste s’installe à Los Angeles où elle produit avec son mari, Carl Bucher, des sculptures-vêtements en mousse d’allure futuriste — Body Shells — qu’elle anime lors de performances. De retour à Zurich en 1974, Heidi Bucher développe conjointement deux pratiques qui deviennent le cœur de sa démarche : « l’embaumement » de vêtements et autres objets de la sphère intime dans du caoutchouc et le moulage d’espaces architecturaux sous des couches de latex. Elle expérimente ce dernier dispositif pour la première fois sur les murs de son atelier — une ancienne boucherie.
Sa démarche très spécifique consistait a appliquer de la gaze et du latex liquide sur les surfaces qu'elle souhaitait recouvrir, puis, une fois le liquide pris, elle décollait littéralement cette fine membrane qui avait imprimé tous les détails de la surface, et accrochait ce « dépouille » au mur. Ce que l'on peut apparenter à un acte d’écorchage exorcisant les peurs ou les traumatismes liés à des espaces tels que la maison de son enfance (Herrenzimmer, 1977/78), dont elle recouvre les panneaux de bois muraux et le parquet, ou un hôtel autrefois occupé par les nazis. Le résultat est à mi-chemin entre la peinture, la sculpture et le textile. C'est aussi une couverture, un voile, des ailes – comme on peut le voir sur les photographies où Bucher s'enveloppe de ces restes de chair, affirmant le lien entre l'architecture et le vêtement. Sauf qu’ici, le « vêtement » prend la délicatesse d’une peau de serpent.Ses œuvres interrogent le rapport entre corps et architecture, et mettent en évidence la mémoire des lieux.
C'est par ces moulages que l'artiste qui « pèle » la peau formée à la surface et la teinte de pigment irisé, s’est fait connaître à la fin des années 1970.
Heidi Bucher est tombée dans l’oubli après sa mort avant d’être redécouverte par une exposition au Migros Museum en 2004. En 2013, le CCS (Centre Culturel Suisse à Paris) présente la première exposition monographique qui lui est consacrée en France. A cette occasion, les Presses du réel lui consacre un ouvrage, richement illustré et documenté, qui est le premier à offrir un panorama complet de la production étonnante de cette artiste souvent comparée dans sa démarche à Gordon Matta-Clark ou Rachel Whiteread. Mais la reconnaissance de Bucher est véritablement venue avec le grande rétrospective Métamorphoses, organisée par la Haus der Kunst de Munich en 2021.
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