Guy Houdoin, qui prend en 1997 le pseudonyme Odon est un artiste plasticien né au Mans (Sarthe), en 1940.
Il fait deux années d’étude aux Beaux-arts d’Angers, puis il rejoint les Beaux-arts du Mans pour la 3e année d’études. Cette école n’ayant pas de cycle, il ira à Tours pour les 4e et 5e années.
Guy Houdoin peignait sur toile et papier marouflé des figures complexes, expressionnistes, emprisonnées dans les entrelacs, des cordes, des anneaux, des rubans qui, peu à peu, sur la toile, ont commencé à se croiser.
A ces œuvres torturées ont succédé, dans la deuxième moitié des années 1970, les premiers tressages. Avec l’abandon définitif de toute référence à la figuration apparaît dans son œuvre un ordre. Un parcours sur dix années qui part du papier support pour arriver au papier objet, qui part de la vision primitive d’un ethnologue qui imaginerait le visage du bon ou du mauvais sauvage, pour arriver à des objets qui, dans leur langage même, expriment l’unité du regardeur et du regardé.
Désormais les gestes patients et ancestraux du vannier parcourent d’immensité du monde. Au commencement de l’itinéraire, dont la rotation engendre l’espace et les divisions du temps, symbole de tous les cycles et de tous les renouvellements, symbole cosmique et solaire dans la plupart des cultures.
A cette époque, il crée le personnage de Patak, invisible, imaginaire, dont le nom figure dans le titre des œuvres. Patak est le passeur par lequel s’opère la mutation.
C’est du côté de l’ethnographie, voire d’une ethnographie imaginaire ou imaginée, qu’il faut rechercher les sources de ce « vannier du papier » (Pierre Restany) plutôt que du côté de l’archéologie.« Le travail de Guy Houdouin nous rappelle à la fois les cultures lointaines avec ses nattes étoilées, symbole du dieu Soleil, et des espaces bien précis de notre civilisation dont les fuites irréductibles du labyrinthe obéissent aux règles du comportement de la matière et de l’esprit » (Augusto da Costa).
En 1981 il rencontre le critique d’art Gilbert Lascault, avec lequel il se lie d’une amitié durable et il participe à l’exposition « Nœuds et ligatures » , à Paris en 1983, invité par celui-ci.
C’est après ses recherches pour que l’écriture de son nom ne soit plus écorchée et soit simplifiée, que Guy Houdouin découvre Odon, deuxième abbé de Cluny, Sarthois comme lui, et la rivière normande l’Odon. Désormais, et de façon inopinée, il sera Odon. Cela déroute parfois les visiteurs de ses expositions qui se demandent si Odon ne copie pas Houdouin avant de s’apercevoir qu’il s’agit du même artiste.
En 2001 il est invité au Centre Culturel de Nouméa par Marie-Claude Tjibaou. Il séjourne un mois en Nouvelle Calédonie, au cours duquel il travaille avec les Kanaks.
Malgré des problèmes de santé, Odon continue de travailler quotidiennement dans son atelier de Nogent-sur-Marne. Il est mort le 6 avril 2017, deux jours avant l’inauguration de l’exposition qu’avait organisée la ville de Menton : Odon. « Couleurs et murmures ».
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