Christo et Jeanne-Claude, Paris ! ☀︎

☀︎ Vue par Textile/Art et vivement recommandée

Du 1er juillet au 19 octobre 2020

Galerie 2

Centre Pompidou
Paris

Christo, Surface d’empaquetage, 1958Dès 1975, Christo et Jeanne-Claude développent l’idée d’empaqueter le Pont-Neuf à Paris avec de la toile polyamide de couleur grès doré, qui recouvrirait les côtés et les voûtes des douze arches du pont, les parapets, les bordures et les trottoirs (le public devant pouvoir marcher sur la toile), ses quarante-quatre lampadaires, ainsi que les parois verticales du terre-plein de la pointe occidentale de l’Île de la Cité et l’esplanade du Vert-Galant. C’est essentiellement à cette réalisation que se consacre l’exposition, grâce à de nombreux dessins et à la présence de certains éléments des structures nécessaires à la construction, dont un morceau de la toile.

L’exposition retrace non seulement l’histoire de ce projet que les parisiens ont pu admirer, ou rejeter, entre le 22 septembre et le 6 octobre, mais elle revient sur la période parisienne, entre 1958 et 1964, qui est celle des empaquetages d’objets très variés par le jeune artiste bulgare.

Le remarquable documentaire d’Albert et David Maysles, Christo à Paris, achevé en 1990, évoque la rencontre du couple et retrace les démarches artistiques entreprises durant les années 1975-1985. Il est non seulement passionnant, mais aussi très émouvant. Parmi les éléments biographiques qui sont livrés dans le film, on apprend, entre autre, que le père de Christo dirigeait une entreprise textile. Ce point nous retient plus particulièrement, d’autant que d’après le critique Pierre Restany le travail de Christo consiste à donner une seconde peau aux éléments qu’il a choisis. De l’avis du critique cette sensibilité textile est la part la plus importante de la sensibilité de l’artiste.

Nous savons que les dessins préparatoires de Christo servaient à financer ses projets, mais nous nous permettons de penser à une hypothèse contraire, qui peut compléter ce qui précède : ce sont les grandioses projets d’empaquetage qui ont permis à Christo de pratiquer le dessin toute sa vie. La formation artistique qu’il a suivie à l’école des Beaux-arts de Sofia avait fait de lui un bon peintre et un excellent dessinateur, mais il a voulu rompre avec la lourde culture académique de son pays qui soutenait le Réalisme socialiste. Il a fui à Vienne, puis à Paris en 1958, où il a rencontré des pratiques nouvelles parmi lesquelles il a cherché sa place. Ses premiers empaquetages ne sont pas une réussite commerciale, mais il se rend compte que ses dessins et ses peintures sont appréciés. A les voir, on ressent l’aisance et le plaisir qu’il a d’en faire. Avec la complicité de Jeanne-Claude et son aide indispensable, il va imaginer et mettre en place des projets fous qui vont d’abord exister grâce aux dessins qu’il produit. Chacun d’entre eux prend sa part et le rôle de dessiner lui revient. Cette nécessité n’est pas qu’un moyen de réaliser des œuvres, c’est l’usage d’un savoir faire et sans doute aussi le grand plaisir du créateur.

Pour revenir à l’exposition du centre Pompidou, nous regrettons que rien ne soit montré des études pour l’empaquetage de l’Arc de triomphe prévu en 2021.