« Jean Lurçat (1892-1966) Au seul bruit du soleil » ☀︎

☀︎ Vue par Textile/Art et vivement recommandée

Du 4 mai au 18 septembre 2016

Galerie des Gobelins, Mobilier National
42, avenue des Gobelins
75013 Paris

L’année 2016 marque le cinquantenaire de la mort de Jean Lurçat (1892-1966), peintre, poète, résistant, grand rénovateur de la tapisserie et membre de l’Académie des beaux-arts.

Le Mobilier national, en partenariat avec la Fondation Jean et Simone Lurçat et l’Académie des beaux-arts (Institut de France) lui consacre à la Galerie des Gobelins une exposition d’envergure, la première organisée à Paris depuis celle de 1958 au Musée national d’art moderne. Elle dévoile les différentes facettes de la carrière de Jean Lurçat, chef de file d’un mouvement qui a rassemblé autour de lui beaucoup d’artistes et dont le rôle a été déterminant dans l’histoire de l’art et la renaissance de la tapisserie au XXe siècle.

Dans les premières salles, l’exposition fait redécouvrir un peintre singulier qui connut entre les deux guerres un grand succès en Europe et aux Etats-Unis. L’accrochage explore ainsi, de façon chronologique, le parcours d’un artiste qui décide d’abandonner la peinture de chevalet en 1938 pour se consacrer à la tapisserie, qu’il aborda par des réalisations à l’aiguille faites par sa mère, puis par sa femme. Sa notoriété s’accompagne d’une reconnaissance de la part des institutions qui lui commandent des œuvres majeures. Concevant ainsi des formats de plus en plus grands, il se tourne vers la tapisserie de lice, à la quelle il est initié par Marie Cuttoli. Sa première tapisserie tissée, « Les Illusions d’Icare », est réalisée aux Gobelins en 1937. Elle est exceptionnellement présentée dans l’exposition avec son ensemble mobilier d’origine issu des Manufactures de Beauvais et de la savonnerie. Lurçat se rend ensuite à Aubusson, où il fait évoluer la technique du carton en simplifiant et numérotant les couleurs.

Mis à part des gouaches et quelques céramiques, il se consacra entièrement à la tapisserie, art monumental impliquant un travail collectif, correspondant entièrement à sa conception du rôle social de l’art. Artiste engagé dans son époque, il fut aussi poète et illustrateur inspiré, créateur dans le domaine des arts décoratifs. La tapisserie « Liberté », tissée durant l’Occupation, illustre de manière emblématique la vision engagée que Lurçat a de sa production artistique. Témoin et acteur des deux Guerres mondiales, cartonnier reconnu comme « le rénovateur de la tapisserie », Jean Lurçat a produit près d’un millier de cartons de tapisseries, son œuvre tissée étant la plus importante que nous ait laissé un artiste au XXe siècle.

Autre point fort de cette exposition, la présentation des quatre pièces de la tenture des « Quatre saisons », commandée à Lurçat par l’État pour relancer l’art de la tapisserie et qui, par son ampleur et son esthétique audacieuse, a marqué le renouveau de la tapisserie d’Aubusson. Progressivement, il unifie les fonds de ses cartons et donne une place importante au noir, afin de forcer l’impact coloré et les contrastes de forme.

La scénographie de l’exposition a été confiée à l’architecte Jean-Michel Wilmotte et s’articule autour de l’évocation de la maison-atelier de Jean Lurçat construite par son frère l’architecte André Lurçat, Villa Seurat, dans le XIVe arrondissement. Elle témoigne du regard d’un architecte d’aujourd’hui sur l’œuvre d’un artiste marquant du XXe siècle, pour qui décor et architecture étaient inséparables.