du 3 au 10 avril 2015
Pôle de l’Etang-Neuf – Musée de la Résistance en Argoat
22480 Saint-Connan
Intervention d’Anne Guibert-Lassalle le vendredi 3 avril 2015 à 17 heures
« 1915, invention du camouflage et art moderne »
Le bariolage à trois tons, puis à cinq, mis au point en 1915 pour dissimuler les combattants, reposait sur l’incapacité physiologique de l’œil à distinguer plus de deux couleurs juxtaposées. Ce bariolage, aboutissant à la dislocation des formes, fut mis au point et proposé à l’état-major par des artistes français qui avaient vu les premières expositions cubistes de Paris. Révolution militaire et révolution picturale tout à la fois, le camouflage est un témoin fort de la modernité naissante. Il bouleverse la guerre et il subvertit l’art. Le camouflage, joue sur la labilité des percepts et le doute qu’ils suscitent. Ambigu, fractionné, disloqué, indécis, le réel camouflé se dérobe et interroge le regard.
Tout a vraiment commencé pour la chercheuse Anne Guibert-Lassalle, par la découverte d’un roman inachevé du surréaliste Maurice Fourré, Le caméléon mystique. Ce roman, met en scène l’étrange personnalité d’un héros en perpétuelle reconfiguration, héros identifié par son auteur à un « caméléon mystique ».
Son imagination s’est nourrie du texte et de ses failles pour créer, avec du textile et de la peinture, une série de caméléons en quête d’invisibilité. Recroquevillés dans leur décor, ils s’enroulent dans les volutes textiles et les plis tricotés jusqu’à se réduire en tableau-pelote. Pour lever le doute et vérifier leur présence, il faudrait peut-être se résoudre à tricoter ce fil peint et embobiné…