Tapisserie ? de Picasso à Messager

Du 23 mai au 31 octobre 2015

Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine
4, boulevard Arago
49100 Angers.

L’exposition du musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine de la Ville d’Angers interroge le terme tapisserie. En quoi – faut-il comprendre par le titre de l’exposition – une tapisserie de laine, tissée selon une tradition séculaire d’après un dessin ou une toile de Pablo Picasso, et une œuvre d’Annette Messager, qui n’est absolument pas exécutée en tissage, pourraient toutes deux être classées dans le même domaine des Arts Appliqués, la tapisserie ?

Cette exposition proposera au public une trentaine d’œuvres originales issues des riches collections, rarement exploitées, du Musée d’Art moderne de la ville de Paris, du Fonds national d’art contemporain et des musées d’Angers. Elle rassemblera des œuvres tissées de Pablo Picasso, Georges Braque, Sonia Delaunay, Josep Grau-Garriga et Pierrette Bloch ou encore des réalisations de Louise Bourgeois et Annette Messager. Depuis les expérimentations tissées des années 1930 jusqu’aux recherches les plus actuelles des années 2000, les œuvres montrent la relation entre l’artisan-licier et le créateur, l’approche particulière du licier-créateur et enfin l’expression créative des matières souples à travers des supports et des techniques très variés.

On comprend que techniques, approches et expression en lien avec la spécificité des matières divergent beaucoup.

Ainsi, si on se réfère à la première partie de l’exposition, section consacrée aux pièces dites « historiques » de Lurçat, mais aussi de Picasso, Rouault, Braque, Sonia Delaunay et Lucien Coutaud, les pièces sont exécutées à partir d’un métier et sont tissées. Pourtant tous ces artistes n’ont pas le même désir de connaitre la technique avec laquelle sont réalisées les tentures.

La deuxième section, dite fondamentale parce qu’elle expose la rupture qui eut lieu au cours des années 70-80, sera quant à elle dédiée au mouvement de la « Nouvelle tapisserie » avec des œuvres de Magdalena Abakanowicz, Jagoda Buic, Pierre Daquin ou Josep Grau-Garriga. C’est la section des liciers-créateurs. Créateurs en tant qu’ils ont opéré un détournement de la technique classique.

D’autres artistes ont travaillé le tissu et la fibre à cette époque et se sont revendiqués de la nouvelle tapisserie, mais ils n’ont pas tissé leurs œuvres. C’est alors que la question de l’appartenance à la tapisserie commence à se poser. Elle est encore plus complexe avec des artistes comme Annette Messager, qui ne s’est pas réclamée de la tapisserie quand elle faisait, par exemple, des petits paquets en tissu, ou encore Louise Bougeois pour qui la fibre est une inscription dans son histoire personnelle, mais pas dans son engagement d’un mouvement artistique.

De jeunes artistes sont encore présents dans l’exposition d’Angers. Ce sont peut-être eux qui nous permettront d’apporter des réponses à la question initiale.

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