Danièle BLANCHELANDE

Danièle Blanchelande vit à Paris et en Bourgogne. Elle est peintre-scénographe.

Les premières toiles de Danièle Blanchelande avaient des coloris sombres et violents liés aux univers qu’elles évoquaient (fin de la guerre du Viêt-Nam, univers de l’usine, les « poupées », la ville). Les toiles suivantes (l’Âge d’or) possèdent les couleurs lumineuses d’un rêve « post-soixante-huitard ».

Puis, dans les années 80, le blanc et le textile furent au cœur de plusieurs de ses expositions.
MÉMOIRES EN BLANC (1979-1983) fait référence au linge que la famille se transmettait, parfois sur plusieurs générations. Ce linge, lin ou métis, créait un univers dont la blancheur éclairait l’intérieur des armoires et se déployait dans la sphère quotidienne. La toile appelle au toucher et le blanc crée une unicité et un lien très puissant qui dépasse l’histoire individuelle : dans ce travail, il est à la fois le « matériau » d’origine et le lieu de projection d’éléments variés, cela permettant un jeu plastique entre mémoire et restitution de cette mémoire.

Danièle Blanchelande réalise ensuite des scénographies :
KUMANSIS – le soulèvement de la vague- (1983-1984) suggère l’émergence du vivant : une tentative d’appréhender, de « donner le jour » à la vie. Dans cet ensemble, le blanc est lumière, il vibre d’ailleurs au rythme des éclairages successifs projetés sur les toiles. Dans cet ensemble l’artiste utilise du film plastique transparent découpé en lamelles montées sur d’épais canevas. En contrepoint des toiles montées sur des filets de pêche, ce parcours suggère les jeux de transparence de l’eau et provoque une sensation de fraîcheur aquatique lorsqu’on traverse ces « pénétrables ».
CASTA DIVA (1985-1986) est structuré par le blanc. Son usage dans les costumes ou dans la structure centrale faite d’un long voile répond donc à plusieurs nécessités liées (et) à enlever ? à l’éclairage et à l’imaginaire. L’artiste a voulu trouver le moyen d’intégrer la réalité de la voix dans un travail plastique.

Ensuite, après les univers où dominait le blanc, elle a retrouvé celui de la ville et réalisé une série de collages sur papier de soie intitulée DES MILLIERS DE GENS. Ce travail a provoqué la rupture avec le blanc et la toile. Il a permis l’ensemble ZONE (1986-1989) qui réintroduit des couleurs violentes dans le travail et où les éléments plastiques/sonores et de lumière sont constitutifs à part presque égale. ZONE est donc un ensemble concernant la ville actuelle, avec ses néons, ses affiches mouvantes, envahie et submergée par l’automobile et ses couleurs souvent irisées, métallisées…

D. Blanchelande a beaucoup travaillé avec le papier : papiers de soie, vélins, carton, buvard, papiers faits d’écorce, de végétaux, etc… Il peut être autant le lieu du dessin et de ses techniques variées que le matériau constitutif de l’œuvre, car il se plisse, se froisse, se découpe, se déchire… À un moment précis de sa vie, il lui a offert sa légèreté et une liberté que la toile n’apportait plus. Puis elle a repris la toile, dissociée du châssis traditionnel. Dans les différentes séries (Métr’opéra 1997-1996 / Tempo agitato 1996-2006 / Le Casse du siècle 2007-2009 / Planète bleue 2008 en cours) elle acquiert une force de projection, de propulsion vers l’extérieur, permettant une grande liberté d’expression, notamment entre espace intérieur / espace extérieur ; espace figuré / espace concret, et encore entre imaginaire et réalité.

Danièle Blanchelande a également réalisé de nombreux livres d’artiste ainsi que trois « Carnets de voyage » dans lesquels il s’agit de sa longue fréquentation de la ligne 7 du métro parisien. Élaborés entre 1996 et 2003, ils témoignent de l’état du sous-sol et du territoire parisien, intégrant des réalités diverses, drôles, poétiques, culturelles, tragiques… dans une perspective d’exploration entre passé et présent.

Les engagements de Danièle Blanchelande ont trouvé des échos autant chez la critique Aline Dallier-Popper, qui fut ainsi un soutien indéfectible pour nombre d’artistes femmes et qui fut une des premières à tenter une historiographie du rapport des femmes aux ouvrages textiles, que chez d’autres artistes comme Marie José Pillet qui fut particulièrement sensible à son approche du toucher, à la texture et au contact physique avec la matière textile. Cependant, à part des rencontres entre certains de ses travaux et des situations ponctuelles, sa démarche naît en premier lieu de la solitude de l’atelier. L’artiste peut parfois exprimer davantage en gardant une certaine distance avec son époque, pense-t-elle.

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