Bellevue, Kreuzlingen, 1990 (8'57")
DOCUMENTAIRE
" Née en Suisse en 1926, cette fille d’ingénieur s’est formée à la couture puis au design textile et à la mode à l’École d’arts appliqués de Zurich. Heidi Bucher se met à prendre l’empreinte de murs et de façades en appliquant, puis retirant, du latex nacré liquide et de la gaze afin d’obtenir une sorte de peau, semblable à celle d’un reptile après la mue. Un travail poétique autour de la mémoire et de la réappropriation, qu’elle pratique aussi bien dans sa maison d’enfance (afin d’exorciser des souvenirs douloureux liés à un père autoritaire), que dans des lieux chargés d’histoire, comme le portail d’entrée du Grand Hôtel de Brissago, sur le lac Majeur, où des femmes juives et leurs enfants avaient été internés par les nazis, et le sanatorium Bellevue de Kreuzlingen, où furent traitées des patientes « hystériques ». Immortalisée par de superbes photographies, la création de ces empreintes donne lieu à de véritables performances libératrices et régénératrices, au cours desquelles l’artiste féministe s’enroule dans ces « peaux », s’en fait des ailes, puis en émerge, comme un insecte sortant de son cocon..." Joséphine Bindé dans Beaux Arts magazine, le 12 avril 2023.
"Born in Switzerland in 1926, this engineer's daughter trained as a dressmaker and then in textile design and fashion at the Zurich School of Applied Arts. Heidi Bucher began to take impressions of walls and façades by applying and then removing liquid pearlescent latex and gauze to obtain a kind of skin, similar to that of a reptile after moulting. It's a poetic exploration of memory and reappropriation, a practice she pursues both in her childhood home (to exorcise painful memories of an authoritarian father) and in places steeped in history, such as the entrance gate to the Grand Hotel in Brissago, on Lake Maggiore, where Jewish women and their children were interned by the Nazis, and the Bellevue sanatorium in Kreuzlingen, where ‘hysterical’ patients were treated. Immortalised in superb photographs, the creation of these imprints gives rise to truly liberating and regenerative performances, during which the feminist artist wraps herself in these ‘skins’, turns them into wings and then emerges, like an insect emerging from its cocoon..." Joséphine Bindé in Beaux Arts magazine, the 12th of April 2023.